Quelques mots d'amour

Vingt ans déjà que Michel Berger nous a quittés. Et vingt ans après sa musique est toujours aussi présente et importante dans ma vie. L'histoire à commencée alors que je n'avais que 9 ou 10 ans avec les cassettes de France Gall que je piquais à mon père pour les écouter à longueur de journée. C'était le premier album, celui avec "La déclaration", "Ce soir je ne dors pas" ou encore ''La chanson d'une terrienne", "Débranche" et "Babacar". Ces chansons résonnaient d'une musique si particulière que je ne pouvais m'en détacher à tel point que je me souviens d'une réflexion de Papa alors qu'il venait, un midi, me récupérer au collège : "si tu pouvais apprendre tes cours aussi bien que les chansons de France Gall...". En 1992, alors que j'ai 13 ans, je me souviens de la couverture médiatique du couple Berger/Gall en mai ou juin pour la sortie de "Double Jeu". J'étais fasciné par ce couple et par la découverte de l'auteur/compositeur, mari de cette chanteuse qui était caché derrière cette simple mention sur les albums mais qui pourtant était le génie ! Evidemment, ce matin du 3 août reste gravé dans ma mémoire lorsque j'entendis à la radio que Michel Berger était mort la veille à Ramatuelle... Les reportages et les hommages s'enchainaient et je pu faire l'association entre cette merveilleuse oeuvre musicale que j'avais eu la chance de voir en cours de musique l'année d'avant - et qui m'avait beaucoup marquée -, Starmania et son compositeur. Je fouillais dans les bacs de disques vinyles de mes parents pour découvrir l'album "Dancing Disco" de France mais également l'album bleu original de Starmania. Le point de non retour était franchi, je devais découvrir le reste de l'histoire...

J'eus mes premiers CD au noël de cette même année, offert par Pépé et Mémé, il s'agissait d'un coffret regroupant les albums "Paris, France", "Tout pour la musique" et "Babacar" de France Gall. J'étais touché par cette femme, veuve depuis peu, luttant contre un cancer du sein et, pour annoncer les concerts à Bercy, faisait le pari d'enregistrer, presser et diffuser en un temps record un single, reprenant une chanson phare du répertoire de son pygmalion de mari : "Mademoiselle Chang". C'était en octobre 1993.

Ce même mois, alors que les parents étaient en voyage à Rome à l'occasion de leurs 20 ans de mariage, que Dina m'offrit mon premier disque de Michel. Il s'agissait de la compilation "Les plus belles chansons de Michel Berger". C'est avec un peu d'appréhension que je mis le disque dans la platine, ne sachant pas si j'allais retrouver le même émoi qu'avec France... et "Celui qui chante" s'est mise à résonner ! Le choc ! celui d'une évidence, de celle que j'attendais. "Chanson pour une fan", "Attends-moi", "Seras-tu là", "Quelques mots d'amour", "La groupie du pianiste", "Pour me comprendre". Tous ces morceaux qui figurent sur cette compilation m'ont déroulé la facette de cet homme qui, avant de rencontré France Gall, avait déjà gravé dans le vinyle une partie si intime de lui-même.
Michel Berger venait de rentrer dans ma vie et il me fallu trois ans pour faire l'acquisition de son oeuvre ainsi que celle de France à ses côtés. Nous n'étions pas dans l'internet à l'époque et c'étaient lors de mes venues à Paris que je pouvais chercher de vieux vinyles dans des magasins comme Gibert ou Boulinier. Chaque article glané dans la presse me permettait de reconstituer ce puzzle de leurs carrières respectives. Ces recherches ont ouvert mon univers musical à ceux qui les ont cottoyé : Daniel Balavoine, Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman, Laurent Voulzy, Francis Cabrel, Renaud Hantson...
Toutes ces années sont passées et les chansons de Michel et France restent en quasi permanence sur mon lecteur mp3, j'y trouve, au-delà de la beauté de la musique et des texte, une forme de réconfort, des voix amicales et tendres, et tellement d'humanité.